Sonia Kacem, Flesh

Décryptage d'une œuvre

Tombant le long du haut mur de la Salle des Gardes, Flesh de Sonia Kacem évoque les voluptueux drapés baroques que l’artiste affectionne particulièrement. Sujets constants de l’art depuis l’Antiquité, les jeux de tissus reviennent continuellement dans le travail de la plasticienne. Les plissements se prêtent ainsi à l’envi à des variations abstraites sur le volume, les lignes ou les teintes.

Composé d’une toile de vinyle de couleur rose, le savant plissé se déroule sur plusieurs mètres tel celui que le Bernin réalise en arrière-plan de la statue équestre de l’empereur Constantin dans la Scala Regia (Vatican). Abandonnant le rôle de fond de scène, le drapé devient chez Kacem le sujet principal de l’œuvre, un sujet abstrait dédié au plaisir visuel des formes qui se dessinent dans l’enchevêtrement des plis de vinyle.

Un rapprochement formel existe entre le drapé rose de Sonia Kacem et les écorchés de Michel-Ange (chapelle Sixtine, Jugement dernier). L’artiste insiste néanmoins sur le fait qu’elle n’évoque pas la peau, mais bien la chair ou le corps qui habite le drapé. Ainsi pour elle, l’œuvre s’intitule Flesh (chair) et non Skin (peau), car la couleur de l’épiderme ne se limite définitivement pas au rose.

© Sonia Kacem, Château de Gruyères