Exposition
06.07.2024 - 27.10.2024

Jon Merz

Le jardin d'eau

Carnival of Souls © Jon Merz
Nuage bleu © Jon Merz
La Clairière de l'Ouvert © Jon Merz
Let there be light © Jon Merz

Le Château de Gruyères invite Jon Merz  à se confronter aux peintres de l’ancienne colonie artistique de la famille Bovy. Formé à la Haute École d’Art de Hambourg, l’artiste neuchâtelois brosse des réminiscences de paysages ou de figures à l’origine incertaine. Dans ses œuvres, il invoque avec ardeur les pionniers de la peinture moderne et contemporaine pour en revoir l’héritage à travers le prisme de notre siècle. Empruntant une voie à rebours de ses prédécesseurs qui livraient sur la toile les impressions d’un monde observé, Jon Merz compose à partir de l’abstraction ou d’images mentales. Au fil de coups vifs du pinceau, le peintre fait surgir des paysages expressifs emplis de reflets vibrants qui semblent évoquer un Paradis perdu, une nature dans laquelle le regard plonge et se grise délicieusement.

Commissaire d'exposition
Filipe Dos Santos

Vernissage

Vendredi 5 juillet, 18h30

Jon Merz

Jon Merz (né en 1981 à Neuchâtel) vit et travaille à Berlin. Formé à la Haute École des Arts de Berne puis à l’Académie des Beaux-Arts de Hambourg, le peintre présente son travail en Suisse et à l’étranger depuis plus de dix ans. L’artiste a été nominé aux Swiss Art Awards 2024 et a bénéficié de plusieurs résidences.

Intimes paysages

Travaillant à Berlin depuis plus de dix ans, Jon Merz revient en terres helvétiques le temps d’une saison et nous ouvre les portes d’un jardin pictural qu’il cultive avec force. Investissant les salles historiques du Château de Gruyères avec des œuvres aux dimensions parfois impressionnantes, le peintre neuchâtelois offre au regard des images chatoyantes et mystérieuses de paysages dont on ne saurait identifier la situation géographique exacte. Oscillant entre l’abstraction et la figuration, son travail invoque les maîtres de la peinture moderne occidentale, de l’impressionnisme à l’expressionnisme, et puise dans leur leçon pour livrer une vision personnelle d’une nature renouvelée, réinterprétée à l’aune du monde contemporain.

Impressionnisme et expressionisme mêlés sur palette fauve: c’est un précipité d’histoire de la peinture, paysages qui ne se donnent à lire qu’au gré des références esthétiques du spectateur.

Thierry Raboud – La Liberté, 4 juillet 2024

La touche, ou la manière, de Merz évoque parfois les figures tutélaires de Monet, de Munch ou de Ensor. Sa démarche s’inscrit cependant plus clairement dans la suite des expériences conduites par les expressionnistes abstraits comme Joan Mitchell. Si le monde qui nous entoure est invoqué dans les peintures de l’artiste, ce n’est pourtant pas sa réalité matérielle qui est retranscrite sur la toile. Ses paysages ne rapportent jamais sur le canevas l’image d’une réalité physique ou l’impression suscitée par l’observation. Ils sont le produit d’un geste, d’une composition mentale et abstraite de laquelle émerge peu à peu une vision qui tend vers la figuration. Le peintre se plait ainsi à disséminer d’infimes indices qui influent sur la perception et révèlent l’image d’un monde intérieur, un univers possible ou un Paradis perdu.

Le chatoiement des couleurs, franches et vives, et la vivacité des coups de pinceau confèrent aux œuvres de Jon Merz un souffle lyrique. Il n’en demeure pas moins que l’ensemble de son travail est parcouru par une tension sous-jacente. Parfois des visages s’entraperçoivent dans des nuages, parfois ils se manifestent plus ouvertement dans les compositions. Une étrange assemblée de personnages fantomatiques se réunissent sur la grande bâche dans la Salle de Gardes, une lune-crâne éclaire un paysage montagneux tandis qu’une danse macabre semble animer une série de gravures. Ce combat entre la lumière et l’obscurité parcourt subrepticement l’œuvre de Jon Merz, mais dans cette lutte perpétuelle, la pulsion de vie semble toujours prendre le pas et s’imposer face au déchainement.

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