Exposition
28.11.2015 - 17.01.2016

Petits paradis

Crèches et travaux de couvent

Cet hiver, le Château de Gruyères met à l’honneur une tradition hors du commun en dévoilant des créations minutieusement réalisées dans les couvents fribourgeois entre le XVIIIe et le XXe siècle.

Les « petits paradis » exposés sont des coffrets de verre dans lesquels les sœurs enfermaient des compositions religieuses exécutées au moyen des matériaux les plus divers. A partir de chutes de papier imprimé, de rubans, de cire, de laine ou de petites fleurs textiles, elles confectionnaient des personnages et les inséraient dans un décor précieux et coloré.

Mettant au premier plan les nativités, l’exposition présente également des dérivés – scènes de dévotion privée, reliquaires ou autoportraits que les sœurs envoyaient à leur famille – et met en lumière le savoir-faire exceptionnel déployé dans ces œuvres remarquables.

Commissaires d'exposition
Filipe Dos Santos et Marie Rochel

Vernissage

Vendredi 27 novembre, 18h

Une tradition unique

L’origine des petits paradis, aussi appelés boîtes de dévotion, s’inscrit dans le sillage de la Contre-Réforme. En réaction au protestantisme, l’Eglise catholique confirme et intensifie à travers l’Europe le culte des saints, des reliques et des images. L’utilisation des représentations religieuses, tant décriée par les protestants, est ainsi confortée dans la pratique cultuelle.

Les couvents ont ainsi développé une production d’objets et d’images destinés à l’usage privé parmi lesquels figurent les petits paradis. Dans ces petites boîtes de verre, de bois, de cartonnage, les sœurs composaient des scènes de dévotion faites de matériaux fragiles qu’elles travaillaient avec délicatesse. Usant d’une iconographie empreinte de mysticisme établie par les instances religieuses, elles prenaient cependant la liberté de varier les motifs ou le décor en fonction des matériaux disponibles ou selon leur habilité.

Cette pratique, que l’on retrouve notamment dans des couvents de Bourgogne ou du Midi de la France, s’est manifestée de manière ininterrompue dans les couvents fribourgeois de la fin du XVIIe au milieu du XXe siècle. Ainsi, les monastères de la Fille-Dieu de Romont ou ceux de la Maigrauge, de la Visitation et de Montorge à Fribourg, deviennent des lieux de production de petits paradis destinés tant à la dévotion des moniales que des clients privés qui les acquièrent.

Lorsqu’ils prennent la forme de reliquaires, les petits paradis enferment des fragments de squelette ou d’objets saints et les insèrent dans des décors cultuels ou sur un fond de motifs décoratifs. Filigranes de papier, incrustations de pierres ou de verroteries deviennent ainsi les cadres précieux de ces objets d’adoration.

Parfois, les religieuses se mettent elles-mêmes en scène dans leur cellule ou en prière. Elles envoyaient alors ce « substitut » de leur personne à leur famille afin de maintenir un lien. Ces éléments touchants, qui peuvent surprendre un regard contemporain, permettent de mettre en lumière la vie de recueillement et de solitude dans laquelle les jeunes filles s’engagent en prenant le voile.
 

Vues d'exposition

© Château de Gruyères
© Château de Gruyères
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